La recherche du confort climatique
Les premiers voyageurs

Au XVIIe siècle, le Grand tour des Britanniques et le voyage en Italie des Français inventent le premier tourisme. Les ruines antiques d’Antibes, de Cimiez et le trophée d’Auguste à la Turbie retiennent l’attention des ces premiers voyageurs.
Tout commence avec le rêve italien, ce voyage d'étude, d'éducation mais aussi de délectation à la recherche des Antiquités de Rome et des paysages classiques que les humanistes de la Renaissance et l'honnête homme du Grand Siècle et des Lumières avaient fréquentés chez les auteurs latins.
Sur la route d'Italie, les rivages de Nice et de la Provence, simple étape de la voie de mer vers Gênes pour certains voyageurs, retiennent déjà l'attention d'autres par les antiques d'Antibes, de Cimiez et de La Turbie ainsi que par des paysages et un climat idylliques.
Les transports se révèlent pleins d'embûches, pour atteindre les côtes cannoises et niçoises par voie de terre. Il faut affronter les défilés de l'Esterel, le gué du Var ou les précipices du col de Tende ou de la Corniche.
La voie de mer offre plus de commodité : on embarque sur une felouque et par sauts de puces on espère rallier Gênes sans encombre. À la tombée du jour, l'embarcation cherche un havre et les voyageurs se mettent en quête d'une auberge.
Certains de ces premiers voyageurs, fascinés par les Alpes, commencent à s'y aventurer à la recherche des paysages sublimes et des curiosités naturelles de la montagne.
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Le séjour thérapeutique

Durant le XIXe siècle, la Riviera devient un lieu de villégiature en raison de son climat clément : on y vient hiverner afin de se soigner.
Sous l'influence de l'école néo-hippocratique, en vogue en Angleterre mais aussi à Montpellier au XVIIIe siècle avant de se répandre dans toute l'Europe au siècle suivant, l'influence du climat et des bains sur la santé focalise l'attention des praticiens.
La géographie des microclimats se combinant avec celle des stations thermales et des bains de mer constitue entre 1750 et 1900 l'essentiel de la pharmacopée face à la tuberculose, aux affections pulmonaires, et jusqu'à la mélancolie, le mal du siècle romantique.
Se dessine alors un circuit international des Health stations (lieux de santé) lancé par les Anglais. Depuis les rivages de la Manche, le séjour des invalides gagne progressivement les côtes du Midi jusqu'à Cannes, Nice et Menton.
Au cours du XIXe siècle, La Riviera est définitivement consacrée comme la terre et le climat des hivernants. Les souverains, l'aristocratie puis la grande bourgeoisie internationales des années 1815 à 1914 prennent l'habitude de fuir leur pays d'origine pour s'y établir afin de recouvrer la santé ou de la fortifier.
Un tourisme médical s'épanouit alors entre Cannes et Menton : les guides médicaux vantent les mérites de chaque station, les établissements de bains fleurissent sur les rivages, dans les premiers grands hôtels, ou à proximité. À Nice, les établissements de bains à la lame se multiplient au quartier du Lazaret, tandis que des cabines de bains s'ébranlent sur les galets de la promenade des Anglais.
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Les débuts du séjour hivernal d'agrément

Le séjour médical se double du plaisir de la villégiature auquel il cède insensiblement le pas au cours du XIXe siècle. Les villégiateurs se promènent sur le front de mer ainsi que dans la campagne environnante.
Le succès de la Riviera se situe dans la production d’images littéraires et graphiques de paysages édéniques qui forgent le mythe de la Côte d’Azur.
Le médecin écossais Tobias Smollett livre en 1765 les premières descriptions enthousiastes de Nice auxquelles répondent les aquarelles de l’album d’Albanis Beaumont.
L’histoire de Lord Henry Brougham, « inventeur de Cannes » va constituer l’archétype du lancement d’une station de la Riviera. De ces images naît un engouement en Angleterre puis dans l’ensemble de l’Europe pour le séjour d’hiver sur la Riviera.
À partir des années 1770, une première colonie britannique fonde à Nice le quartier nouveau appelé New Borough à la Croix de Marbre.
À partir de 1835, dans le sillage de Lord Brougham, un quartier anglais voit le jour à Cannes. Ainsi, à côté des centres anciens et de la société locale, des quartiers d’étrangers se développent avec leur société, leurs loisirs, leur architecture et leur culte.
La promenade sur le front de mer et l’excursion dans la campagne environnante constituent l’essentiel des loisirs des hivernants avant 1860. Des premiers guides de tourisme distillent aux visiteurs leur vision des paysages et des sociétés locales.
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L'âge d'or du tourisme aristocratique

Le rattachement du comté de Nice à la France en 1860 et l’arrivée du chemin de fer à Nice en 1864 achèvent de lancer la Côte d’Azur comme destination touristique internationale.
La période de 1860 à 1914 correspond à l'âge d'or de la villégiature aristocratique et princière sur la Côte d'Azur.
Les séjours de la reine Victoria et du futur Édouard VII ont marqué les mémoires, de même ceux des Romanov ou de l'impératrice Élisabeth d'Autriche.
Les colonies d'hivernants sont à leur apogée. Des commandes architecturales, des édifices du culte et des villas au style éclectiques, exaltent les appartenances nationales et la puissance financière des commanditaires.
Le château Louise-Éléonore de Lord Brougham ouvre la voie à des créations innombrables, depuis les villas néo-Tudor de Lord Woolfield à Cannes à la " folie " anglo-indienne du château Smith au Mont-Boron à Nice.
S'illustrent aussi une vie sociale intense, un foisonnement de lieux de culte, une vie mondaine brillante, enfin un essor de la presse locale en langue étrangère. Stéphen Liégeard vient couronner cette période faste en 1887 en inventant l'expression de " Côte d'Azur " qui a puissamment contribué à sa renommée mondiale.
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L'urbanisme en mutation

L’urbanisme local est influencé par le développement du tourisme : dans les années 1880-1890, on construit dans les espaces naturels des caps ainsi que sur les collines environnantes de Nice et Cannes de magnifiques villas.
Le développement rapide du tourisme et de la villégiature à partir des années 1860 a un fort impact sur l'environnement naturel et sur les villes, à tel point que le paysage des Alpes-Maritimes s'en trouve profondément transformé en un siècle.
La croissance des villes en lien avec le séjour d'agrément devient irrésistible. Un urbanisme particulier émerge dans les nouveaux quartiers centraux de Nice, celui de la ville-parc, fondé sur la diffusion de l'immeuble-jardin, un habitat collectif qui s'inspire de la villa maritime.
Par un processus de lotissement, des quartiers périurbains résidentiels remplacent les campagnes : c'est ainsi la naissance des quartiers de Cimiez et du Mont-Boron à Nice, de la Californie et de Super-Cannes à Cannes, tandis que les espaces naturels des caps sont systématiquement conquis par les villas avant même 1860 pour la Croisette, et dans les décennies 1880-1890 pour les caps Martin, Ferrat et d'Antibes.
Des plantes exotiques sont acclimatées pour le plaisir des yeux. Le désir de littoral crée un déséquilibre croissant entre la bande côtière en mutation et un moyen et haut pays ruraux. Dès le début du XXe siècle, les espaces naturels du littoral régressent devant les aménagements induits par la fréquentation touristique.
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Les grands hôtels et l'industrie hôtelière

L’urbanisme local est influencé par le développement du tourisme : dans les années 1880-1890, on construit dans les espaces naturels des caps ainsi que sur les collines environnantes de Nice et Cannes de magnifiques villas.
Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, l’accueil des étrangers devient progressivement le cœur de la vie économique des Alpes-Maritimes par la naissance, le développement et le perfectionnement de l’hôtellerie de luxe.
L’hôtel de voyageur, stimulé par l’essor du tourisme aristocratique, évolue vers un service d’hébergement toujours plus luxueux, en quête du confort le plus moderne.
À l’instar des grandes capitales, la Côte d’Azur est le lieu où s’épanouit la notion de palace, point de perfection de l’industrie hôtelière.
Imaginé et développé par une génération d’entrepreneurs, tels que César Ritz, Henri Ruhl, Emmanuel Martinez ou Joseph Aletti, le palace offre une alternative à la villa et à l’hôtel particulier dans l’accueil des souverains et des élites de la bourgeoisie.
Il s’appuie sur une technicité du service offert mais aussi sur celle des programmes architecturaux.
Le Regina Excelsior Hôtel, le Ruhl ou le Negresco à Nice, le Carlton à Cannes, le Grand-Hôtel du cap Ferrat, le Grand-Hôtel du cap Martin, l’Éden Roc à Antibes, ou l’Hôtel de Paris à Monte-Carlo sont les fleurons des palaces de la Belle Époque.
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Les loisirs des villégiateurs

Pour les villégiateurs, on organise de nouveaux loisirs avec des infrastructures dédiées : courses de chevaux, tir au pigeon, régates et Tennis clubs. Les bals et corsos carnavalesques rythment la saison hivernale.
L'arrivée progressive de colonies de touristes par pays mais aussi par classes sociales favorise les excursions en groupes, les réceptions mondaines, puis l'établissement de lieux de divertissements culturels dès la fin du XVIIIe siècle : théâtres, salons, bibliothèques.
Dans cette société de moins en moins valétudinaire et de plus en plus mondaine, à partir du XIXe siècle se multiplient des cercles ou associations, favorisant notamment les sports aristocratiques : courses de chevaux, tir au pigeon, régates, puis bientôt lawn and tennis clubs, automobile club.
Les initiatives privées sont bientôt relayées par les différentes municipalités qui dotent de prix les épreuves sportives, aident à l'édification de structures touristiques quand elles ne les construisent pas elles-mêmes : des casinos fleurissent dans l'essentiel des stations à la suite de celui de Monaco.
Un agenda officiel de divertissements, de bals, régates et fêtes carnavalesques anime peu à peu la vie hivernale des stations, ponctués de feux d'artifices.
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L'influence du tourisme sur l'économie locale

L’essor du tourisme stimule d’autres activités économiques telles que le transport et le commerce. Une presse spécialisée apparaît tandis que fleurissent les industries du luxe, la mode et les arts.
Le tourisme stimule l'activité économique locale dès la fin du XVIIIe siècle.
Fodéré écrit en 1803 : " Nice a un genre d'industrie qui lui coûte peu de peine puisqu'elle la doit entièrement à son climat. Tous les ans avant la Révolution, elle jouissait d'un grand concours d'étrangers, surtout de familles anglaises qui venaient y passer l'hiver. Cette industrie [...] a commencé à reprendre ".
En 1861, le constat est le même : " Une des sources de la prospérité de Nice est ce que l'on appelle dans le pays avec une certaine impudeur mais avec trop de raisons l'exploitation des étrangers ".
Il ne variera plus. En 1926 le député grassois Jean Ossola, écrit encore " Tourisme et hôtellerie sont les deux mamelles de la Côte d'Azur ".
Tourisme dit domesticité, métiers de l'hôtellerie et des loisirs, revenus de locations saisonnières pour les rentiers, gains pour les spéculateurs fonciers et les métiers de la construction.
Le tourisme accroît l'urbanisation progressive de la côte, engendre le développement du transport, du commerce, d’ une presse spécialisée, des industries du luxe, de l'agrément, des jardins, de la mode et des arts. Et les bouches aristocratiques à nourrir offrent des débouchés aux productions avoisinantes.
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La transformation de la société

La venue d’une communauté riche et cosmopolite influence l’évolution du département. Des cultes religieux autres que le catholicisme sont tolérés.
Elle concentre l'activité et l'urbanisation de façon marquée sur la côte.
De petites cités, les communes deviennent peu à peu de grosses villes : la présence d'hivernants dans ces stations bénéficie à leur amélioration (en termes de modernisation, d'hygiène, de commodités). Ils y jouent un rôle actif, tant dans ce domaine que dans les œuvres de charité, les communes retirant des bienfaits de bals de charités, dons ou legs de fortunés malades, notamment dans le domaine hospitalier.
Parmi ces hivernants citons l'œuvre du baron Lenval pour la santé des enfants, de la famille Rothschild et de beaucoup d'autres. Les communes d'ailleurs n'hésitent pas à les solliciter.
La Côte d'Azur, lieu de cosmopolitisme acquiert un rôle social et diplomatique dans les premiers cercles de toute l'Europe : les gouvernements viennent s'y reposer et s'y retrouver.
Il n'est donc pas étonnant de trouver une quantité impressionnante de consulats apparaître tout au long du XIXe siècle. C'est aussi un lieu de tolérance religieuse puisque l'élite européenne issue de différentes nationalités et confessions fait bâtir des lieux de culte et des cimetières dans les quartiers où elle hiverne.
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A la découverte de l'arrière-pays

Les touristes commencent à explorer le moyen et le haut pays. Le chevalier de Cessole fait connaître la montagne au public, avec le Club alpin français.
" Sol neuf que n'ont point encore gâté les hôteliers cosmopolites [la montagne] est encore heureuse à qui aime une solitude non déflorée " dit Stéphen Liégeard en 1887 dans La Côte d'Azur.
La montagne connaît alors un certain engouement pour ses vertus de santé, son calme et sa fraîcheur l'été. Refuge de la noblesse locale et de la bourgeoisie, elle reçoit une clientèle au XIXe siècle et des auberges se fixent sur quelques axes importants. Le phénomène reste néanmoins marginal par rapport à celui de la côte.
Amédée Goubert, dans Les Stations sanitaires de la France en 1884 conseille comme station d'été Saint-Martin, La Bollène, Belvédère, Berthemont, réputé pour ses eaux, Saint-Dalmas de Tende, Saint-Vallier, Thorenc, Villeneuve, et à la frontière Pesio et Valdieri. Le Club alpin français, sous les auspices du chevalier Victor de Cessole, multiplie les occasions d'ouvrir la montagne au public entre conférences, banquets et sorties estivales.
Deux stations montagnardes d'été sont même lancées à la fin du XIXe siècle : Thorenc et Peïra-Cava. En 1920, le phénomène concerne 20 à 50 familles par station.
Difficilement rentables, celles-ci voient une opportunité dans développement des sports d'hiver qu'elles encouragent à partir de 1903.
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