Thème 3 : L’espace urbain
Les jardins utilitaires et d’agrément

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les jardins utilitaires, à la fois potagers et vergers, fournissaient aux familles une part importante de leur alimentation. Situés à proximité immédiate des agglomérations, ils formaient de véritables couronnes.
Sur le littoral, ces jardins étaient aussi des centres de production florale et de plantes à parfum et constituaient, notamment à Nice, un véritable paysage jardiné. Les jardins d’agrément sont mal connus. On sait que des jardins aux plans simples et réguliers accompagnaient les habitations aristocratiques, en ville ou à la campagne.
A l’intérieur des agglomérations, il s’agissait de petits jardins, de 20 à 30 mètres de côté, présentant des allées en croix axées sur un petit bassin.
A l’extérieur, les maisons de campagne que Grassois et Niçois se firent construire à partir du XVIIe siècle se résumaient souvent à une simple terrasse pourvue d’un puits, d’une fontaine ou d’un bassin dominant des allées rectilignes plantées d’arbres toujours verts.
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L’acclimatation des végétaux exotiques

Au XIXe siècle, l’essor de l’acclimatation de végétaux exogènes sur le littoral des Alpes-Maritimes et du Var fut rendu possible par des conditions climatiques favorables, similaires à celles de plusieurs régions du monde.
Les grands voyages et les explorations permirent de ramener un grand nombre de végétaux pour les introduire dans les jardins du littoral. Le jardin d’acclimatation créé dans l’enceinte de l’Ecole centrale du département, en 1801, fut le premier jardin botanique des Alpes-Maritimes. Les amateurs constituèrent dans leurs propriétés d’immenses collections de végétaux en procédant par achats et échanges.
Au début du XXe siècle, on évaluait à 6 000 le nombre d’espèces subtropicales cultivées à l’air libre par ces passionnés sur la Côte d’Azur en incluant la Riviera italienne. Cet extraordinaire engouement pour la botanique mais aussi pour l’exotisme était aussi dû à la démocratisation de l’histoire naturelle et à la multiplication des sociétés savantes qui diffusaient les nouvelles connaissances.
Le recours à ces végétaux nouvellement acclimatés pour créer les jardins des villas et des hôtels et pour agrémenter avenues et parcs publics a eu pour conséquence de substituer au paysage agricole du littoral un paysage nouveau, exotique et dépaysant.
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Les jardins des hivernants

Conjuguée avec l’implantation massive en Europe de plantes du monde entier, l’arrivée des hivernants au milieu du XIXe siècle fut à l’origine dans les Alpes-Maritimes de l’essor spectaculaire de jardins d’un genre nouveau.
Entre 1850 et 1914, le littoral se couvrit de villas et d’hôtels entourés de parcs et de jardins établis à grands frais. Ces derniers eurent pour modèles le jardin paysager anglais, adapté aux sites et au climat, ou le jardin mixte (paysager et classique) et furent composés de façon identique : arbres et arbustes subtropicaux, massifs de fleurs, larges surfaces gazonnées offrant à leurs propriétaires un fleurissement hivernal et un aspect toujours vert. Chacun de ces jardins était un véritable jardin botanique.
L’esprit de collection primait sur l’esthétique. La demeure placée sur la partie la plus élevée du terrain, de grandes allées sinueuses permettant la promenade, des belvédères offrant des points de vue, telles étaient les caractéristiques des plans de ces jardins.
Au début du XXe siècle, on assista à un recul de la tendance botanique et de l’exotisme. Les jardins composés entre 1900 et 1914 présentaient des collections de styles de jardin, géométriques, et étaient plus respectueux de la végétation autochtone.
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Le renouvellement de l’art des jardins au XXe siècle

A la veille de la première guerre mondiale émergea une nouvelle forme de style de jardin, adaptation du style néo-rural anglais, le jardin néo-méditerranéen, à l’initiative de paysagistes comme Ferdinand Bac.
Les influences étaient multiples ; latine, italienne, espagnole, provençale, arabe.
Une grande attention était portée au paysage méditerranéen et à sa végétation, notamment au cyprès pyramidal. On redécouvrit le plan régulier et la symétrie des allées rectilignes, en pentes ou en escaliers.
Le jardin méditerranéen était aussi un retour à l’architecture locale et aux matériaux pauvres. Ses autres attributs étaient les patios et les terrasses qui prolongeaient la maison, les pergolas, qui évitaient l’ombre excessive, et les jarres fleuries qui apportaient la couleur.
La crise économique de 1930 puis la seconde guerre mondiale donnèrent un coup d’arrêt aux grands jardins privés. Ceux qui subsistent, propriétés privées ou acquisitions des municipalités, sont aujourd’hui autant de témoins de l’histoire des jardins et doivent être considérés comme un patrimoine exceptionnel aussi fragile qu’irremplaçable.
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Les jardins publics

Jusqu’au XVIIIe siècle, la présence de l’arbre dans la ville, sur l’espace public, est marginale. Il faut attendre que l’expansion urbaine fasse sortir les villes de leurs fortifications pour voir se créer des cours, longues allées agrémentées d’arbres.
C’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que parcs, jardins publics et squares apparurent en France.
Dans les Alpes-Maritimes, cette période vit la création de nombreux jardins publics et de promenades arborées. A Nice, comme dans les autres villes du littoral, l’arbre participa à la mise en scène du front de mer, à l’usage des touristes, transformant son aspect par des plantations linéaires créant de nouvelles perspectives. Après la deuxième guerre mondiale, les jardins furent peu ou mal pris en compte dans les projets urbains.
La priorité était à la construction massive de logements et leur accompagnement végétal passait au second plan, faisant appel à de larges surfaces gazonnées. Dans les années 80, on assista à une renaissance d’une politique des espaces verts avec la prise de conscience de la nécessité qu’une politique de qualité devait succéder à une politique de quantité, grâce à une meilleure prise en compte des besoins des usagers et à un retour à des jardins plus complexes.
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La ville dans la nature

Dans les années 70, la croissance très forte de la population des Alpes-Maritimes a eu pour conséquence un éparpillement des villes et un étalement des banlieues.
La dégradation du milieu urbain soumis à toutes les pollutions et le désir de la maison individuelle, conjugués avec la facilité de déplacement offerte par l’automobile, ont incité les habitants à s’installer à la campagne, en maison individuelle, afin de bénéficier d’un cadre de vie naturel. L’industrie n’est pas restée à l’écart du mouvement.
En 1969, à l’initiative du sénateur Pierre Lafitte, s’est mise en place la technopole Sophia-Antipolis regroupant des activités innovantes. Elle se déploie aujourd’hui sur 2 300 hectares dont les deux-tiers d’espaces verts protégés.
En dévorant le sol et en développant la superficie du réseau routier, l’habitat diffus a gagné de vastes zones vouées à l’agriculture et est devenu un sujet de préoccupation des urbanistes qui ont mis en avant la dégradation des paysages et les surcoûts d’équipement pour prôner, à la fin du XXe siècle, une nouvelle densification de la ville afin de préserver des terrains vierges.
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Les parcs suburbains

Dès 1955, le préfet Pierre-Jean Moatti se préoccupa d’engager le département des Alpes-Maritimes dans une politique de sauvegarde des paysages, menacés par une urbanisation dévorante.
Il soumit au Département, en octobre 1958, un projet d’acquisition d’espaces verts boisés destinés à s’insérer dans la frange urbaine en formation.
En mars 1966, 5 parcs avaient vu le jour en totalité et 3 partiellement, malgré l’opposition de propriétaires s’estimant lésés par les expropriations. Cette politique a été reprise et amplifiée à la fin du XXe siècle avec l’extension de la Valmasque à 561 hectares, les 480 hectares de la Brague, 650 hectares du plan des Noves ou encore grâce à l’action conjointe du Département et de l’Etat qui a acquis par le conservatoire du littoral créé en 1975 le mont Vinaigrier et, en 1997, un domaine de 370 hectares à l’extrémité du massif de l’Estérel.
Cet effort marque une rupture avec une politique foncière uniquement fondée sur le développement de l’habitat et des zones d’entreprises et permet de laisser aux générations futures un patrimoine naturel préservé et valorisé.
Le Département a poursuivi et amplifié la réalisation de parcs qui sont au nombre de 13 : Estérel, Pointe de l’Aiguille, San Peyre, Valmasque, La Brague, Vaugrenier, Rives du Loup, Plan des Noves, Lac du Broc, Estienne-d’Orves, Vinaigrier, Grande Corniche et Cros de Caste.
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