Thème 1 : Le milieu naturel

La diversité végétale

Les Alpes-Maritimes se caractérisent par un relief extrêmement accidenté. Le climat marqué par l’influence méditerranéenne présente d’importantes différences en fonction de l’altitude.

Températures élevées et pénurie des précipitations en été engendrent une sécheresse néfaste pour la végétation. L’étagement de la végétation est particulièrement net. Les Alpes-Maritimes abritent un monde végétal complexe d’une remarquable richesse. Les régions les plus basses et les plus proches de la mer hébergent des essences typiquement méditerranéennes.

Le pin d’Alep domine largement. Les taillis sont peuplés principalement de chênes verts et de quelques chênes lièges vers l’Estérel. De 1100 à 1600 mètres la région alpestre est caractérisée par le hêtre, le sorbier, l’alisier, le sapin, l’épicéa, et le pin sylvestre.

Le mélèze apparaît à la partie supérieure. De 1600 à 2200 mètres la région subalpine abrite mélèze, pin à crochet et pin cembro qui, en se raréfiant progressivement au delà de 2 000 mètres, laissent la place aux étendues herbeuses des alpages, domaine privilégié du pastoralisme estival.

4 documents

Les défrichements

En se sédentarisant, l’homme a défriché le manteau forestier par brûlis pour disposer de terres à ensemencer avec des végétaux lui assurant sa subsistance et a exploité le bois.

La pression démographique a progressivement élargi la déforestation autour des noyaux d’implantation.

Les zones de basse altitude plus propices à l’agriculture et à la construction de routes facilitant les échanges ont très tôt été dépouillées d’une bonne part de leurs forêts. C’est sur la bande littorale que l’homme est intervenu de la manière la plus spectaculaire au point de modifier fondamentalement le paysage traditionnel.

Au Moyen Âge, tandis que le moyen pays, livré à la pioche des agriculteurs, se répartissait en terres cultivées, terres gastes couvertes de friches, et forêts ouvertes à la dépaissance, le haut pays subissait la charge excessive des troupeaux transhumants.

L’écobuage a ouvert de larges essarts dans les versants boisés incapables de se régénérer sous la dent destructrice du bétail. La forêt était l’objet de toutes les convoitises et le souci de protection a rapidement conduit à en limiter l’accès et l’utilisation par des mises en défens, souvent objets de conflits entre seigneurs et communautés.

4 documents

L’exploitation du bois

L’agriculture n’explique pas à elle seule la régression de la forêt. La construction faisait largement appel aux bois locaux pour les planchers, les charpentes, les toitures en bardeaux de mélèze, le mobilier et les outils.

Dès le Moyen Âge on s’est soucié de réglementer l’usage et l’exploitation des bois comme source importante de revenus. Les bois de résineux, les « bois noirs », les plus prisés par opposition aux « bois blancs », les feuillus, jouaient un rôle essentiel dans l’exploitation et faisaient l’objet d’une âpre concurrence entre communautés. Les marchands niçois utilisaient ces bois pour la construction mais aussi pour le commerce d’exportation.

La forêt était largement sollicitée comme bois d’œuvre en particulier pour de gros ouvrages comme les ponts. La forêt était aussi une réserve de combustible pour la fabrication du charbon de bois et pour alimenter les fours à chaux. Le bois chargé de résine permettait de fabriquer de la poix et des torches et, sur le littoral, les marins en utilisaient abondamment pour la pêche au lamparo. La Marine entièrement en bois était dévoreuse de forêt, réclamant les plus beaux arbres notamment pour les mâts des navires.

4 documents

La forêt et l’élevage

Au Moyen Âge, la place de l’élevage était prépondérante dans l’économie et les troupeaux bénéficiaient d’un domaine extrêmement vaste depuis les premières collines jusqu’aux alpages.

Ce n’étaient pas seulement les terres gastes, les friches incultes, mais aussi les forêts, où se pratiquait le glandage, et les terres agricoles en jachères ou libérées de leurs récoltes. Les parcours se composaient, d’une part, des pâturages d’hiver et de printemps, d’autre part, des pâturages d’été. La stabulation abrégée par le peu de ressources fourragères conduisait à une longue occupation du terrain qui compromettait la production des pâturages par le piétinement du sol. Les troupeaux formés pour une bonne part de chèvres pacageaient dans les coupes de bois et empêchaient ainsi leur régénération.

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que s’est produite une transformation radicale avec la régression de l’élevage ovin et caprin  liée à l’amorce de désertification rurale à partir des plus hautes implantations humaines et l’extension de l’élevage spéculatif des bovins favorisé par la demande de produits laitiers des villes côtières en plein essor démographique par le fait du tourisme.

4 documents

La sauvegarde des forêts

Dès le XVIIIe siècle, fut émise l’idée que le déboisement avait des effets désastreux en amplifiant le ravinement des sols dénudés.

Cette prise de conscience d’un problème écologique se traduisit par des mesures administratives dans le code forestier français et le règlement sarde de 1822. Mais des exploitations massives continuèrent.

Certaines communes sur la pression des marchands de bois et des entrepreneurs de pâturage ont concédé des coupes inconsidérées. C’est surtout le mode d’exploitation forestière qui était particulièrement déficient, puisque l’assiette de coupes considérables et rapprochées, dans un même canton forestier, était la règle. Facteur de reconstruction du milieu naturel, le recul  pastoral a facilité la tâche des forestiers.

L’application du régime français de soumission de la gestion des forêts communales à l’administration forestière avait mis fin à certains abus mais la population se plaignait des restrictions. C’est la loi du 28 juillet 1860 qui a ouvert la voie à une politique déterminée de sauvegarde des terrains de montagne par le reboisement et le gazonnement. Cette loi envisageait des reboisements obligatoires mais ces mesures se heurtèrent à des populations vivant pour l’essentiel des produits de l’élevage.

4 documents

Le reboisement

La loi du 4 avril 1882 permit de réactiver le processus de reconstitution du manteau forestier alpin en instaurant des périmètres de reboisement.

Cette loi de restauration et de conservation des terrains en montagne apportait des modifications essentielles en introduisant le droit d’expropriation et en créant 8 périmètres de reboisement dans les Alpes-Maritimes représentant 20 000 hectares répartis entre Paillon, Vésubie, Var supérieur, Var moyen, Tinée, Estéron, Roya et Loup.

Les études préliminaires ont mobilisé toute l’énergie des inspecteurs des forêts Hallauer et Vincent qui ont dû lutter contre des oppositions farouches. D’ailleurs la longueur des procédures n’a permis de concrétiser les projets, après celui du Paillon, qu’en 1889 pour le Var supérieur, 1895 pour la Vésubie, 1897 pour la Tinée et seulement 1912 pour le Loup.

Le pin sylvestre, essence dominante à l’état spontané dans les forêts de moyenne montagne, a été très largement utilisé dans les divers reboisements des Alpes-Maritimes entre 600 et 1 500 m. C’est le pin noir d’Autriche qui a été la principale innovation de l’intervention humaine. Il n’existait pas à l’état naturel et a été introduit par Demontzey en raison de son extrême rusticité en toutes conditions.

6 documents

L’expansion de la forêt et la conservation des espaces naturels

Le travail méthodique des forestiers et le repli des activités d’élevage ont permis à la montagne de retrouver sa vocation forestière. Le paysage des montagnes des Alpes-Maritimes a ainsi considérablement évolué au cours du dernier siècle par un reboisement essentiellement naturel qui atteint des proportions étonnantes.

La couverture forestière est passée de 90 000 hectares à 152 000 hectares entre 1878 et 1975 représentant 36 % du département pour atteindre même 45 % à la fin du XXe siècle. Malgré les feux de forêts dévastateurs mais cantonnés pour l’essentiel à la frange littorale, malgré les maladies comme celles qui touchent le châtaignier ou le sapin et les effets néfastes de certaines pollutions, la forêt régénérée ne cesse de progresser confortée par le souci de conservation des espaces naturels.

C’est dans ce contexte, après avoir été longtemps combattu comme une entrave au développement économique fondé sur l’essor des stations de ski, que le Parc national du Mercantour a été créé en 1979 pour assurer la sauvegarde et la mise en valeur d’un milieu naturel remarquable. La puissante chaîne de montagnes qui en constitue le cœur et le vaste territoire qui lui est associé à la périphérie recèlent une flore exceptionnelle.

4 documents


haut de page