Thème 4 : La force de l’eau
L’énergie hydraulique

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la force hydraulique était indispensable à l’activité économique et ses usages étaient multiples : moudre les céréales, presser les olives, fouler les étoffes neuves, scier les bois, actionner les forges, etc.
Les premières mentions de moulins apparaissent dans les archives au milieu du Moyen Âge mais des vestiges d’installations ont été découverts en Gaule romaine.
Les moulins étaient source de conflits entre les communautés d’habitants et leurs seigneurs qui en faisaient payer l’accès. Leur nombre, déjà considérable sous l’Ancien Régime, augmenta encore au début du XIXe siècle. A cette époque, on recensait 173 moulins à farine hydrauliques dans l’ancien comté de Nice.
Deux types de roues étaient utilisés. Le modèle le plus répandu était la roue horizontale, dite à rodet. La roue verticale lui était préférée pour entraîner des machines nécessitant un mouvement alternatif comme les foulons, les scies et les moulins à papier.
Le bon fonctionnement des moulins était subordonné à la permanence de l’approvisionnement en eau, grâce à des dérivations aménagées en travers des lits des rivières.
Les variations importantes de débit, caractéristiques des régimes méditerranéens, affectaient fortement le fonctionnement des usines à certains moments de l’année.
Quand l’eau était insuffisante, on l’accumulait dans des bassins appelés resclauses pour la restituer ensuite au moulin avec la force nécessaire.
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L’hydroélectricité

Les besoins croissants d’électricité liés à l’urbanisation du littoral des Alpes-Maritimes et à la fonction touristique du département nécessitèrent de faire appel très tôt à l’énergie hydraulique.
L’invention de la turbine par Burdin et Fourneyron en 1826-1827 puis le transport du courant à distance rendirent possible l’utilisation des chutes d’eau du département à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, par le biais de concessions.
De petites usines furent mises en service par des communes du moyen et du haut-pays comme Saint-Martin-Vésubie en 1893.
A côté de cette production quasi-artisanale, on assista dans les Alpes-Maritimes à une véritable course à la « houille blanche » menée par des consortiums de banquiers et d’industriels qui spéculèrent sur les droits d’eau et lancèrent, entre 1897 et 1928, la construction des premières grandes centrales hydroélectriques du département.
L’Energie Electrique du littoral Méditerranéen (E.E.L.M.) s’imposa rapidement à ses concurrents, aménageant les centrales de Plan-du-Var, Pont-du-Loup, Saint-Cézaire, Fontan et Bancairon. Dans la Roya, les Italiens maîtrisaient l’essentiel de la production.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, Electricité de France eut en charge la remise en état des installations et leur modernisation.
La construction de nouvelles usines fut entreprise : la Courbaisse (1951), Valabres (1957), Saint-Martin-Vésubie (1960), Belvédère et Roquebillière (1969). Plusieurs micro-centrales ont complété l’équipement hydro-électrique des Alpes-Maritimes.
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La lutte contre le feu

La plupart des agglomérations étaient démunies face au fléau des incendies notamment les villages de montagne à l’urbanisation serrée dont l’habitat faisait une large place au bois.
Au XIXe siècle, si l’arrivée de l’eau au village pour desservir les fontaines était vivement attendue, l’argument des municipalités était aussi la possibilité d’installer des bornes à incendie.
Ce sont surtout les incendies de forêts qui constituent le problème majeur des régions méditerranéennes.
Le vent qui sévit épisodiquement en bourrasques est redoutable car il favorise l’extension rapide des incendies.
En 1945, un rapport d’inspection soulignait que la plupart des communes, à qui la loi de 1884 avait confié la lutte contre les sinistres, n’étaient pas en situation de faire face en toutes circonstances surtout par manque d’alimentation en eau.
En 1957, le Département finança un plan d’établissement de réservoirs et de points d’eau répartis dans les zones à risque afin de desservir plus rapidement les engins d’intervention.
La véritable révolution dans la lutte contre l’incendie intervint en 1963 lorsque furent expérimentés les premiers avions citernes amphibies.
Après les Catalina utilisés en essais de 1963 à 1969, l’entrée en service des Canadair a constitué l’évolution la plus spectaculaire et la plus efficace de la lutte contre les incendies de forêt.
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Les inondations

Le département des Alpes-Maritimes est particulièrement exposé aux dégâts des eaux en raison de la brutalité des précipitations, principalement en automne.
Jusqu’au XIXe siècle les nécessités de l’autosubsistance ont entraîné une surexploitation des pentes et un déboisement intensif des zones de montagne qui ont accru l'érosion et le ravinement.
L’histoire du département des Alpes-Maritimes est jalonnée d’innombrables crues plus dramatiques les unes que les autres.
Non seulement la torrentialité des cours d’eau s’était amplifiée avec la prolifération des sols dénudés, mais un autre phénomène, l’urbanisation, augmentait l’ampleur des dommages sur la zone côtière à la fin du XIXe siècle.
Près du littoral, les conséquences des crues se sont nettement aggravées au XXe siècle en raison de l’occupation des secteurs inondables par des zones urbanisées et des lotissements industriels et par le manque d’entretien et de curage des cours d’eau. Aucune vallée n’est totalement à l’abri.
Ainsi, le 5 novembre 1994, l’inondation de la vallée du Var causa des dégâts matériels de grande ampleur.
Les plans de prévention des risques naturels, élaborés à la suite de la loi de 1995, visent à maîtriser l’urbanisation des zones à risques, le plus souvent déjà largement engagée, et surtout à réduire la vulnérabilité des populations et des biens, particulièrement dans les Alpes-Maritimes où 139 des 163 communes sont soumises aux crues.
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L’endiguement

Pour remédier aux dommages, on s’employa à réaliser des digues mais elles reposaient le plus souvent sur des initiatives localisées et sans grands moyens. Jusqu’au XVIIe siècle il n’existait pas de digues continues le long du Paillon.
La création du port Lympia en 1749 conduisit à élaborer un projet d’endiguement pour soustraire le secteur aux crues mais en raison des difficultés techniques et du coût il ne reçut un début d’exécution qu’en 1772.
Ce fut sur la rive gauche du Var que l’administration sarde engagea le premier grand chantier d’endiguement depuis Saint-Martin en vue de régulariser le cours du fleuve et de gagner de vastes espaces agricoles.
Les travaux furent inaugurés en 1845 mais rapidement des difficultés financières les interrompirent.
Ce n’est qu’en 1860, avec l’annexion à la France, que les travaux furent repris.
Cette réalisation d’envergure suscita le mécontentement des propriétaires de la rive droite, convaincus que le rétrécissement du lit du fleuve avait reporté les dévastations des crues sur leur rive.
Celle-ci finit à son tour par être dotée d’endiguements dont l’exécution se fit par étapes successives jusqu’à la fin du XXe siècle notamment à l’occasion de la réalisation de la zone industrielle de Carros en 1965 puis de la nouvelle route départementale inaugurée en 2007.
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