Document du mois

Paris, 1924. Organisation des VIIIe Olympiades.

Bulletin de souscription aux Jeux olympiques de Paris. 1924. Arch. dép. Alpes-Maritimes. 5 ETP 423

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Réintroduits en 1896 à Athènes, les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne sont ensuite organisés en 1900 à Paris, ville de naissance de leur promoteur le plus passionné. Mais ces Olympiades se heurtent à la concurrence d’une autre manifestation, celle de l’Exposition universelle. C’est d’ailleurs sous le nom un peu opaque de « concours internationaux d’exercices et de sport » que se déroulent les épreuves sportives. Le résultat n’est donc pas à la hauteur des espérances du baron de Coubertin qui devra patienter 24 ans pour imposer à nouveau la candidature parisienne au détriment d’autres métropoles comme Amsterdam ou Los Angeles, pourtant favorites.

Mais aujourd’hui comme il y a un siècle, une telle manifestation est onéreuse. Le Comité olympique français ouvre alors une souscription nationale afin d’inciter particuliers et entreprises à participer à l’effort financier. La Ville de Paris, désignée in extremis par l’influent directeur du Comité international olympique, a eu en effet moins de trois ans pour organiser ces jeux et ne dispose pas de structures adéquates qu’il faut trouver ou construire à la hâte.

La brochure présentée ici dans le but d’introduire le coupon de souscription a été envoyée à la Chambre d’industrie et du commerce de Nice, comme à d’autres établissements publics ou privés, afin de promouvoir la « célébration des jeux et la préparation olympique ».

Un courrier officiel daté du 24 mars 1924 l’accompagne, qui décrit le but de la démarche. Y sont mis en avant les bienfaits et l’utilité sociale des sports, « reconnus de tous comme facteur remarquable de paix et de santé publique » et plus insolite, de « moyen des plus sûrs contre l’alcoolisme ».

Le caractère confraternel de la manifestation destiné à « améliorer les relations entre les peuples » y est bien sûr souligné, tout comme les retombées économiques non négligeables que l’on peut en espérer et la nécessité de « recevoir ses hôtes avec toute la dignité désirable ».

De façon peu subtile, le courrier se termine sur l’évocation de la souscription effectuée par la Chambre de commerce de Paris, du montant très honorable de 10 000 francs, destiné certainement à stimuler une compétition d’un autre genre…

La brochure quant à elle vante des Jeux organisés par une France victorieuse, « mais profondément pacifique », auxquels pas moins de 5 000 athlètes de 52 nations différentes sont conviés.

En cette année 1924, 19 disciplines sportives sont représentées : le rugby à quinze, dont ce sera la dernière apparition aux Jeux olympiques, le football, le polo, le tir à la cible, le tir au fusil de chasse, l’escrime, l’athlétisme, la lutte gréco-romaine, la lutte libre, l’aviron, le pentathlon moderne, le lawn-tennis, la natation, la boxe, la gymnastique, les poids et haltères, les jeux équestres, le cyclisme et le yachting.

Ce sont les États-Unis qui remportent au cours de ces olympiades le plus grand nombre de médailles, suivis de la Finlande puis de la France, qui comptabilise 38 médailles dont 13 en or. Bien qu’alliées, les nations s’affrontent parfois avec une grande férocité, laissant régulièrement ressurgir un climat nationaliste fort. L’Allemagne d’ailleurs, battue six ans plus tôt au terme de la Grande Guerre, n’est pas conviée, preuve si l’en est que sport et politique, aujourd’hui comme hier, sont intrinsèquement liés…

Si vous désirez en apprendre davantage sur l’introduction des sports dans les Alpes-Maritimes, nous vous invitons à consulter en ligne notre exposition virtuelle : « Entre neige et mer, les pratiques sportives dans les Alpes-Maritimes de la Belle Époque aux Années folles ».