Document du mois

Popocatepelt, revue surréaliste internationale.

Arch. dép. des Alpes-Maritimes, PERA 2800, couverture, page 3 et page 18.

Voir toutes les images (3)

Une tentative surréaliste sur la Côte d’Azur

La revue Popocatepetl publie à Nice un premier et unique numéro en 1949. Composée de textes transdisciplinaires (essai, fiction, poésie), elle aborde des thématiques propres au mouvement surréaliste : l’inconscient et l’imaginaire. Sa mise en page verticale et dynamique établit un dialogue entre les illustrations et les textes. Tirée à seulement 80 exemplaires, cette publication rare constitue un précieux témoignage d’une activité surréaliste locale.

De nombreuses reproductions de dessins et de peintures sont l'œuvre de Georges Spiro (1909-1994), l'un des principaux contributeurs de la revue. Ce peintre surréaliste franco-polonais est très actif sur la Côte d’Azur dès les années 1940. Ses tableaux aux paysages oniriques sont aujourd'hui conservés au Musée Picasso d’Antibes ainsi que dans des collections privées.

Les textes sont principalement rédigés par des auteurs belges : Guy de Wargny (1918-1998), écrivain, poète, essayiste, ainsi que Jeff-Joris Haelewyck, artiste et écrivain. Tous deux sont des figures du milieu surréaliste bruxellois.

Un support créatif de prédilection : la revue

Le titre Popocatepetl fait référence à un volcan mexicain, symbolisant une éruption créative. Il évoque également la visite au Mexique en 1938 d’André Breton (1896-1966), fondateur du mouvement surréaliste. Accompagné de Diego Rivera et Frida Kahlo, le théoricien a qualifié ce pays de « lieu surréaliste par excellence ».

Tout en adoptant une approche globale des arts plastiques (photographie, peinture, collage), les surréalistes accordent néanmoins une place prépondérante à l’écriture. Privilégiant également le travail collectif, de nombreuses revues éphémères voient ainsi le jour, parfois avec seulement quelques numéros, telles que Minotaure (1933-1939), VVV (1942-1944) et Néon (1948). Popocatepetl s’inscrit dans cette lignée.

Un esprit philosophique, subversif et humoristique

La revue s’ouvre sur un portrait de Pablo Picasso en photo-montage inspiré par le documentaire philosophique La vie commence demain de Nicole Vedrès (1911-1965). Cet essai cinématographique suit un jeune provincial qui part à la rencontre de personnalités éminentes (Jean-Paul Sartre, Le Corbusier, Jean Rostand, Pablo Picasso…). La réalisatrice offre une réflexion poétique sur l’existence en juxtaposant des images d’archives aux propos des invités.

Portée par l’exploration de l’inconscient, dans ses parts sombres et cachées, la revue aborde la question du désir (« Aperçu sur le monde de Sade », « Breton primate ») ainsi que la crainte de la mort.

Rédigé sous forme d’un témoignage, le légendaire Sir Halewyn, s’épanche sur ses angoisses. Issu du folklore néerlandais, ce personnage envoûte les femmes avec son chant avant de les tuer. Le texte adopte une forte tonalité morbide. Cloitré dans un tombeau aux ombres mouvantes, Sir Halewyn tente d’échapper à sa culpabilité et au jugement divin.

Opposément, de nombreux textes comiques sont insérés dans les pages. Inconventionnel et parfois proche de la folie, l’humour surréaliste se veut absurde. La parodie d’un article scientifique intitulé « Einstein et la galaxie » est un passage non conformiste notable. Le texte est fortement interrompu par des notes de bas de pages qui contiennent des digressions incongrues et irrationnelles.

Source

Popocatepetl, revue surréaliste internationale, septembre-octobre 1949, Edition du dinosaure, ISSN 2780-6014 (Arch. dép. des Alpes-Maritimes, PERA 2800).