Par contrat de dépôt du 5 juillet 2007, Mmes et M. Michèle Gilbert, Jean Bergé-Andreu, Fabienne Imbert et Laurence Bergé-Andreu ont confié aux Archives départementales des Alpes-Maritimes le fonds photographique constitué entre 1890 et 1920 par leur ancêtre le banquier Jean Luce. Jean Luce...
...
Par contrat de dépôt du 5 juillet 2007, Mmes et M. Michèle Gilbert, Jean Bergé-Andreu, Fabienne Imbert et Laurence Bergé-Andreu ont confié aux Archives départementales des Alpes-Maritimes le fonds photographique constitué entre 1890 et 1920 par leur ancêtre le banquier Jean Luce. Jean Luce était le descendant d'une des plus importantes familles de négociants grassois. Banquier comme son père, Jean Luce a été marié une première fois en 1874 à Jeanne Louise Blanche, fille de Jean Philippe Ernest Fauques de Jonquières. Veuf en 1877, il se remarie quatre ans plus tard avec Laure Canard de Tournus, fille d'un docteur en médecine. Le couple a cinq enfants : Mathilde née en 1882, Henry né en 1883, tous deux à Tournus, Louise en 1886 et des jumeaux Suzanne et Georges en 1888. L'oeuvre photographique de Jean Luce C'est à l'époque de la naissance de ses enfants que Jean Luce découvre la pratique de la photographie et réalise de nombreux portraits dans les années 1890 (enfants, parents et amis). La période de 1900 à 1910 est celle des reportages extérieurs à Grasse, Saint-Vallier et Thorenc ainsi qu'à l'occasion d'excursions sur la Côte d'Azur et lors de voyages familiaux à Marseille chez son beau-frère, à Tournus dans sa belle-famille ou touristiques dans les Alpes jusqu'en Suisse. Il découvre alors la vue stéréoscopique restituant le relief et l'utilise régulièrement lors de ses déplacements. Il se dote surtout d'une imposante photothèque de plusieurs milliers de photographies positives sur verre essentiellement en format 9 X 12 qui lui permet d'organiser des séances de projection chez lui. Outre ses propres photographies, il entreprend un travail considérable de reproduction de revues (l'Illustration, Le Monde Illustré) et classe les photographies selon ses thèmes de prédilection, l'art (peinture du XVIIIe avec Fragonard et du XIXe siècle, sculpture), voyages en France (reproduction de cartes postales surtout) et pays lointains, plus tard, entre 1914 et 1918, combats de la première guerre mondiale. Pour constituer sa photothèque il recourt également à des achats de collections (oeuvres d'art et pays étrangers) d'éditeurs photographes professionnels comme Lévy successeurs de Ferrier à Paris, Molteni ou encore L. Bourdin quai Saint-Antoine à Lyon. Il reproduit aussi des photographies originales tel le reportage sur l'édification du poste de Diakpo en Côte d'Ivoire par une compagnie de tirailleurs sénégalais et comme le prouvent des mentions manuscrites sur certains clichés (Duval, Pravaz). Il ne manque pas non plus les occasions de reportages sur des événements marquants de la vie départementale comme des visites officielles (visite du président de la République Armand Fallières en 1909 à Grasse et à Nice), des inaugurations (monument au commandant Lamy à Mougins), des manifestations (meeting d'aviation de 1910), des fêtes (carnaval à Nice et Grasse), des cérémonies religieuses en particulier familiales lorsque ses trois filles se marient aux trois fils de l'avocat Charles Victor Martelly d'Antibes : Mathilde et André en 1907 (ils ont deux fils Jean en 1908 et Yvane en 1909), Louise et Léon en 1908, (ils ont deux fils Georges en 1908 et Louis en 1910), Suzanne et Maurice (ils ont un fils Paul en 1911 et une fille Georgette). La première guerre mondiale marque un tournant dans la vie de Jean Luce, alors qu'il connaît une succession de deuils. La photographie ne l'absorbe plus que pour constituer une abondante documentation sur la guerre qu'il tire de l'Illustration en vue de projections. L'âge et les décès comme celui de sa soeur de Marseille en 1914 amenuisent les occasions de voyages. Seul un album consacré à ses petits-enfants comporte quelques rares photographies postérieures à la guerre. Jean Luce meurt à Grasse le 8 janvier 1934 à 87 ans. La nature du fonds Le fonds est composé d'un fonds de photographies (classées sous la cote 60 Fi), de partitions de musique et d'appareils photographiques et de projection ayant appartenu à Jean Luce. Parmi les formats photographiques utilisés par Jean Luce le 9 X 12 est largement majoritaire et concerne pratiquement tous les positifs de projection avec 10314 références. Il recourt au 13 X 18 pour les reportages de voyages, notamment en Suisse, et les portraits. Le 18 X 24 lui sert pour ses déplacements à Grasse et dans le département, particulièrement pour réaliser des panoramiques. Il ignore le format 24 X 30 mais a de nombreux 30 X 40 (il en reste 62 mais des plaques fragiles en raison de leur grande dimension ont manifestement disparu). Ce format est destiné aux portraits et à des reproductions de gravures d'après Fragonard. Les années 1909-1910 constituent manifestement le point d'orgue de son travail photographique avec des récompenses lors de concours à Aix-les-Bains et à Nice en 1909 avec une médaille d'or en catégorie amateur. En 1910 il est conquis par la couleur et multiplie la réalisation d'autochromes malheureusement en pratiquant beaucoup plus la reproduction de publications qu'en photographiant lui-même des scènes originales. Les autochromes les plus grands (format 18 X 24) au nombre de 21, sont tous des reproductions d'oeuvres en couleurs d'après Fragonard et les nombreux 13 X 18 sont aussi majoritairement des reproductions de tableaux. Toutefois une quarantaine entre 1912 et 1914 porte sur Grasse, Thorenc, une exposition agricole et horticole, Fréjus, Saint-Raphaël, Agay ; s'y ajoutent une dizaine de vues de fleurs et de vases et 19 portraits de famille ainsi que des vues d'Aix-les-Bains. En 9 X 12 plus de 200 autochromes sont essentiellement des reproductions de tableaux et de vues de pays étrangers prises sur des revues. Trois autochromes (60 Fi 9482 à 9484) portent la mention de réalisation avec écran Montpillard. Cet écran spécial combiné à une poudre éclair donnait la possibilité de faire des instantanés avec des objectifs très ouverts.