Situation géographique :
Ancien village fortifié au XIII siècle, dont il reste quelques ruines et une église sur le sommet rocheux qui domine le village au nord, plus tard surnommé le “grenier à blé” de la haute vallée du Var, la commune de Sauze se situe dans le Haut-Var, dans le Haut Pays niçois, à 1,5 kilomètre de Guillaumes à vol d’oiseau et à 1 330 mètres d’altitude, en bordure du Parc national du Mercantour. Aujourd’hui Sauze est une commune rurale d’une superficie de 27,77 km, faisant partie des communes peu ou très peu denses selon la grille communale de densité de l’INSEE.
Ses communes voisines sont : Villeneuve d’Entraunes au nord, Guillaumes à l’est, Daluis au sud et Castellet-lès-Sausses à l’ouest. Aujourd’hui son agglomération principale est Sauze-Ville. Sauze-Vieux, Villetale (Haute et Basse), Les Selves, Les Moulins sont des petits hameaux de la commune, dispersés dans les plis du plateau sur 8 kilomètres. Les archives mentionnent un grand nombre d’hameaux, d’écarts et de masages.
Ses points culminants sont le mont Saint-Honorat à 2 517 mètres, Cime Fourchias et Pointe de Sangaris.
La commune de Sauze reste très isolée, ainsi que le reste de la vallée, jusqu’à la deuxième moitié du XIX siècle. La vallée est verrouillée dans son enceinte de montagnes élevées. Il n’y a aucun chemin carrossable dans le Haut-Var avant 1870. Le village communique pendant longtemps avec l’extérieur par des chemins muletiers, souvent confondus avec le lit d’un torrent. Vauban a également remarqué la difficulté de déplacement dans cette contrée. Les travaux du chemin vicinal conduisant à Guillaumes depuis Sauze ne commencent qu’en 1897.
Les reliefs sont très irréguliers, ce qui entraîne une variété de terrains et de climats. La gelée et la grêle sont fréquentes.
Seigneurs de Sauze :
De 1471 à 1792, ce sont les Faucons de la vallée de l’Ubaye qui détiennent le fief de Sauze. Les trois coseigneurs Claude, Jacques et Honorat résident dans une maison à Sauze-Ville. Le fief du quartier du Moulin appartient aux Grimaldi de Beuil jusqu’en 1621, tandis qu’une portion de Sauze ainsi que le hameau des Selves relèvent en 1552 de Daluis et de Loys Gay, co-seigneur du Castellet-les-Sausses. Tous signent « Faucon de Sauze ».
Commune frontalière :
Le village présente une situation frontalière atypique, à la frontière entre les domaines de la Maison de Savoie et le Royaume de France.
Les traités d’Utrecht de 1713 se proposent de fixer par voie contradictoire la meilleure séparation entre les deux États en rectifiant la frontière en suivant les éléments géographiques (relief, ligne de crête, cours d’eau). Des enclos doivent faire place à la frontière linéaire. Comme le territoire de Sauze forme une encoche dans la terre de France, entre deux localités françaises, la ville royale de Guillaumes et le village de Daluis, ses habitants étaient surtout en relation avec les populations françaises. Ils doivent passer en terre de France pour joindre les autorités civiles, savoisiennes, de Beuil, de Puget-Théniers, de Nice ou les autorités religieuses, françaises, d’Entrevaux. Et ce jusqu'en 1760, date à laquelle un traité conclu entre les deux souverains régularise les frontières réciproques en cédant Guillaumes, Daluis, Entrevaux à la Maison de Savoie.
En 1793, le comté de Nice occupé devient partie intégrante de la République Française. Sauze redevenu français jusqu’en 1814, dépend de l’arrondissement de Puget-Théniers et du canton de Guillaumes dans le 85 département, dénommé Alpes-Maritimes.
L’arrivée des troupes françaises au Piémont fait naître une révolte piémontaise républicaine. Dans cette situation, Sauze est un carrefour pour les troupes de passages françaises et piémontaises. Les archives répertoriées dans la série B et la sous-série 3 H font état des réquisitions faites à ces troupes.
À l’effondrement de l’Empire français, le comté de Nice récupère ses territoires et Sauze redevient sarde jusqu’en 1860. La série I témoigne des contraintes administratives que subissent régulièrement les Sauzois dès qu’ils ont la nécessité de traverser la frontière. L’élevage du bétail a toujours été une des principales sources économiques de ses habitants. La transhumance se pratique chaque année. Or, les contraintes douanières mises en place – et les contrôles sanitaires instaurés par le magistrat de la Santé pour contenir la diffusion des épizooties – sont souvent extrêmement exigeantes pour les bergers. La sous-série 5 I permet de documenter ces contraintes. Les archives montrent également dans de nombreuses autres séries que les habitants continuent à utiliser le français, y compris dans leurs démarches administratives, d’une manière constante durant les périodes sardes. La plupart des registres et formulaires imprimés en italien sont tenus en utilisant le français.
Quelques thèmes pour l’histoire locale :
- Administration générale : il y a eu une école publique à Sauze à partir de l’époque révolutionnaire ; les registres de délibérations mentionnent la création d’une mairie-école en l’an IX. L’école des filles s’ouvre en 1863. Un projet d’installer l’école au quartier des Moulins est mentionné en 1946. Aujourd’hui, l’école communale la plus proche se trouve à Guillaumes. Les sources complémentaires de la sous-série 1 T aux Archives départementales complètent ces informations.
- Cadastre : Le document cadastral le plus ancien est un livre terrier ouvert en 1702 rédigé sur la base d’un édit royal du 15/01/1702. Les livres des mutations sont périodiquement mis à jour jusqu'en 1765. L’atlas napoléonien est daté de 1868. La rénovation du plan cadastral est votée par le conseil communal en août 1951. La commune n’est pas munie de cadastre au XVI siècle. On se sert de bâtons conservés à la maison commune.
- Culte et patrimoine religieux : Les baptêmes sont donnés dans deux paroisses : Saint-Jean-Baptiste et Saint-Laurent. On compte parmi le patrimoine religieux de Sauze les édifices suivants : la chapelle Saint-Laurent, l’église Saint-Jean-Baptiste des Moulins, l’église Notre-Dame-de-la-Colle, les trois chapelles alpines de Chana-Pastoun, Sauze-le-Vieux (Saint-Joseph) et des Selves ainsi que l’oratoire de Saint-Macaire. Des références à d'autres chapelles apparaissent également dans les documents anciens : chapelle de Saint Lazare, chapelle rurale de Saint Barthelemy (quartier Villetale Haute), chapelle de l’Ange gardien ainsi que celle de Sainte Brigitte. La fête du village consiste en une procession avec la statue de Saint-Laurent, patron du lieu.
- Infrastructure : L’installation du réseau électrique commence en 1926. Le tramway du Haut-Var (Tramways des Alpes-Maritimes TAM) ouvre sa ligne le 29 juillet 1923 entre le Pont-de-Gueydan et Guillaumes. En raison de sa fréquentation basse, il ferme après seulement 6 ans de fonctionnement le 16 mai 1929.
- Économie locale : L’agriculture et la sylviculture ont toujours constitué la base de l’économie locale. Les archives de la sous-série 3 F couvrent une période large, depuis la Révolution jusqu’à 1941 et la conservation des documents est remarquable. Sauze est réputée pour la production de sa farine et la qualité de ses céréales : froment, pois, lentilles, seigle. Les légumes font également partie de sa production. Les élevages sont surtout composés de trois espèces : ovine, caprine et bovine. Les plus nombreux sont les brebis et les agneaux, dont découle une importante production de laine. L’élevage de chèvres et chevreaux prend la seconde place. L’élevage du bétail et le pacage sont ancrés dans l’histoire de Sauze : la plus ancienne référence à un document d’archives est précisément un accord convenu entre le seigneur et la communauté de Sauze concernant les droits de pacage conclu en 1326. L’importance de ce document est attestée par les nombreuses copies authentiques et traductions qui en sont faites au cours des siècles suivants (1496 puis XVI, XVII, XIX siècles). Ces droits sont même revendiqués par la commune lors des procès jusqu’au XIX et XX siècles contre des particuliers. La série F nous montre également la place primordiale que joue l’élevage dans l’histoire de la commune. En 1892, la production de lait de chèvre est quatre fois plus importante que celui de vache. La fabrication d’un fromage du pays est indiquée lors de la statistique agricole décennale et estimée à 1 000 kilogrammes par an. Dans la première moitié du XX siècle, il y a plus de forêts et de bois que de terres incultes selon les registres de culture. Effectivement, l’extraction du bois de la forêt communale Devens, comme l’attestent les archives de la série L, représente une part importante des revenus communaux. L’architecture villageoise garde encore aujourd’hui l’empreinte d’une forte activité forestière. Le mélèze est le bois le plus demandé pour la charpente des maisons familiales.
- Eau : Malgré la présence de sources d’eau, Sauze a traversé plusieurs périodes de sécheresse difficiles.
- Population : La population de Sauze a connu une diminution importante. Le recensement le plus ancien conservé date de 1695 et rapporte une population de 405 habitants. Avec un pic de 420 habitants atteint en 1734, la population diminuera progressivement. Une baisse importante est enregistrée lors de l'annexion à la France (-15% entre 1857 et 1861, avec 297 habitants recensés) et lors de la guerre franco-allemande (-15% entre 1866 et 1872, avec 253 habitants). Les deux périodes d'après-guerre du XX siècle connaissent des baisses de population à Sauze encore plus importantes. Depuis 1968, moment où sa démographie a été la plus basse avec 42 habitants, Sauze a presque réussi à doubler sa population. Aujourd’hui la commune de Sauze a la volonté de stabiliser sa démographie. C’est pourquoi elle développe depuis quelques décennies une politique locale d’accueil : elle met à des dispositions des nouveaux arrivants des logements communaux et son auberge.