De l’art du vélocipède.

Mais l’envie de créer des compétitions est aussi souvent invoqué. Les 308 kilomètres qui séparent Marseille de Nice donnent lieu à une course très suivie. Organisée de 1897 à 1959 tous les ans en dehors des périodes de guerre, le Marseille-Nice permet de rallier en une douzaine d’heures les deux villes et pose les jalons des premières compétitions organisées dans la région.
Mais c’est sans conteste le Paris-Nice, créée en1933, qui est la course la plus célèbre. Fondé par le directeur de deux journaux, le Petit journal à Paris et le Petit Niçois, à Nice, l’événement cycliste a pour ambition de relier la capitale à la Côte d’Azur au mois de mars et de clôturer les festivités de la saison hivernale, tout en annonçant le printemps. Les coureurs quittent en effet Paris pour progressivement rejoindre le soleil du sud de la France. Surnommée « course du soleil », elle évite ainsi les routes des Alpes encore enneigées au profit de la vallée de Rhône et offrir aux compétiteurs un climat de plus en plus doux.
C’est également sous l’impulsion d’un organe de presse en déclin et d’industriels que naît en 1903 le Tour de France, afin de promouvoir une pratique qu’on espère promise à un grand avenir et un journal qui lui est consacré. Dès sa première édition, le Tour rencontre un grand succès qui incite ses organisateurs à reconduire, chaque année, une nouvelle course. Compétition cycliste aussi populaire en France qu’à l’étranger, la course relie dans les deux premières années les principales villes du pays : Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris, suscitant à chaque étape l’enthousiasme général dans les milieux sportifs. Du côté de la population, l’engouement est moins perceptible. La compétition, partie de Paris, courue par des cyclistes essentiellement parisiens, est perçue comme élitiste et déclenche de grandes polémiques. Alors qu’on pense la compétition condamnée, il est décidé d’organiser des étapes plus courtes et plus nombreuses afin d’illustrer sa volonté d’unité nationale. Le Tour dessine les frontières du pays et il n’est donc pas anodin si Nice a été ville-étape pour la première fois de son histoire en 1906.
Promenade à vélo à Saint-Vallier-de-Thiey, fin XIXe-début XXe siècle.

L’engouement de la bicyclette, surnommée « machine de la liberté », permet aux femmes de s’émanciper. Elles peuvent enfin, à l’égal des hommes, profiter d’une mobilité physique, même si les portes des associations leur sont fermées et si leurs vêtements, corsets, jupes longues et jupons entravent leurs mouvements. Ce nouveau mode de transport contribue d’ailleurs à imposer des vêtements plus pratiques et sans distinction de sexes en popularisant pantalons baggy ou jupes-culottes.
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