Des voitures et des femmes.

Dès 1898, elles peuvent obtenir un « certificat de capacité », ancêtre du permis de conduire. Même si elles sont souvent cantonnées à des concours d’élégance où le rôle qui leur est dévolu est aussi décoratif que celui de la carrosserie, certaines participent à des courses de vitesse et à des rallyes exclusivement féminins. L’une d’elles, Mariette Hélène Delangle, née dans une famille pauvre d’Eure-et-Loir, entame une carrière de danseuse de cabaret à Paris et se fait connaître pour ses talents d’effeuilleuse. Son succès lui ouvre les portes de la jet-set et lui permet de découvrir le monde de l’automobile. Elle en devient une des premières pilotes professionnelles et court sous le pseudonyme d’Helle Nice, en hommage dit-on, à une ville chère à son cœur. Devenue une célèbre championne du volant, elle participe à de nombreux Grands prix en France, aux États-Unis et au Brésil où elle frôle la mort. La Seconde Guerre mondiale met fin à toutes les courses et Helle Nice s’installe à Nice avec son nouvel amant. En 1949, alors qu’elle doit participer au premier grand Prix de Monaco d’Après-guerre, le coureur Louis Chiron l’accuse publiquement, sans preuves, d’avoir collaboré avec la Gestapo. C’est la fin de la carrière de cette femme libre, qui a osé défier des concurrents masculins lors de courses prestigieuses. Elle perd en peu de temps sa réputation et ses sponsors, ne peut plus concourir et finit sa vie à Nice, dans la misère, avant d’être finalement réhabitée dans les années 2000 par une historienne américaine. 

Arch. dép. Alpes-Maritimes, 3 Fi 9514.

À l’instar des robes courtes et des coupes à la garçonne, la voiture est bel et bien un instrument d’émancipation, en tout cas pour les femmes issues des classes aisées ou celles qui parviennent à les intégrer. 

C’est le cas d’Hélène Beaumont, dont on voit ici la carte de membre à vie de l’automobile-club d’Antibes et Juan-les-Pins. Elle aussi à une destinée hors du commun. Née pauvre et ravissante, la jeune Hélène entame une modeste carrière de cantatrice avant de rencontrer le milliardaire américain Louis Dudley Beaumont. Fou amoureux,  il lui offre en 1927 la sublime villa Eilenroc au cap d’Antibes et une vie de rêve au cours de laquelle elle côtoie Florence Gould, Wallis Simpson ou Mona Bismark. La villa Eilenroc est léguée en 1982 à la ville d’Antibes par sa propriétaire afin de l’ouvrir au public. 

Carte de membre de l’automobile-club d’Antibes et Juan-les-Pins délivrée à Hélène Beaumont, 1929. 

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